mardi 24 juin 2008

Berlin 5 : lundi 23 juin

Voyons voir si je peux me rappeler complètement de ma journée d'hier. Il me reste 55% de batterie sur l'ordi (ils ne veulent plus que je me branche ici : "jioqjdioqjiwoq strom s^qop oewqop strom iwoqp nicht strom"... "électrizität? nein?"... "jkldjksaljakl W-LAN o.k. hajshdjka asdhsahd dhj hsa dhs hakhd nicht strom."), j'ai bu mon café, je suis en train de manger une genre de brioche de "gestern" ("frais d'hier", à 0,50 €) et j'ai mon paquet de 18 cigarettes à portée de la main. Car, oui, c'est surprenant d'acheter un paquet de 17 cigarettes, mais c'est encore plus surprenant d'en acheter un ailleurs, de la même marque, qui indique 18 cigarettes. Et, oui, l'Allemagne est la terre promise : non seulement on peut se faire bronzer en costume d'Adam un peu partout (ces endroits s’appellent FKK, qqchose comme Freie Korpus Kulture), boire une bière bin relax dans un resto pi décider de la finir en marchant vers l'autobus, prendre une demi-heure chaque matin pour lire les 2 à 4 pages en caractère 8 d'offres culturelles (l'homologue boulimique de notre demie-page qui couvre la semaine dans le Voir), prendre le métro ou l'autobus 24h/24, 7j/7, mais on peut aussi fumer presque partout en dedans. C'est de cette façon, c'est-à-dire de la même façon que je le fais présentement, que j'ai commencé ma journée d'hier : café et cigarette à la main, chattant un peu trop, comme d'habitude, avec mes amis maintenant outre-mer. Est-ce que j'ai une routine? Peut-être. Peut-être aussi que l'abstinence d'internet en me levant est une situation que je ne peux imaginer en gardant le sourire. Donc hier, je suis arrêté à l'épicerie en revenant du Lecker Schmecker (petit café où je vais tous les matins, volant impunément l'internet du voisin) et j'ai bien rempli mon coin du frigidaire, pour 9,99 €. Je n'avais toutefois pas eu ma dose complète d'internet. Je voulais travailler encore quelques heures, mais je sentais que mon temps était écoulé au Lecker Schmerker, alors je suis parti, après un déjeuner 2 oeufs, confiture, pain de ... (pain de blé? aucune idée, il faudrait que je sorte mon dictionnaire pour le savoir) Un bon vieux déjeuner à la Québecoise bien mérité. Il était rendu presque 16h déjà, comme quoi le temps passe bien vite parfois et je fus surpris de trouver le Johann Rose (mon autre endroit de prédilection, genre de bar/café avec des vieux divans, des vieilles tables, des vieux chandeliers et un vieux piano qui s'exerce à Bach pas mal souvent de ces temps-ci) fermé. Les Berlinois ne s'en font pas avec ça eux : le dimanche et le lundi, beaucoup d'endroit sont fermés ou ouvrent un peu à n'importe quelle heure. Déçu, je reviens à l'appart. Brève description des lieux : en sortant de l'appart., en prenant par la gauche ("links"), il y a tout de suite l'épicerie, qui donne sur une rue croisant la mienne à 90 degrés *chance* et de l'autre côté, en face, le Lecker Schmecker. Si toutefois on prend à droite ("rechts"), à une minute de marche se trouve le Johann Rose. Alors je devais m'aventurer vers un autre café internet. J'en connais un, datant de mes premiers jours à Berlin, dans le quartier Schöneberg. Note aux musiciens : "Schöneberg", le cartier, ne s'écrit pas de la même façon que "Schönberg" le compositeur. Note aux gens qui iront à Berlin un jour : la station de métro "Kurfürstendamm" n'est pas du tout la même que "Kurfürstenstr.", tout comme la rue "Oranienstr." n'est pas du tout la même que "Ornanienplz.", même si les deux se croisent autour de "Oranienplz.", littéralement "la Place Oranien" (comme on a la "Place d'Youville" à Qc par exemple), et, évidemment, "Orianenplz." la place n'a rien à voir avec "Oranienplz." la rue, ni "Oranienstr." l'autre rue. J'essaierai de prendre une photo de ce genre de trucs. Près de l’appart. où j’habitais il y a deux semaines, on a "Lutzowufer", qui croise "Lutzowstr." et "Lutzowplz.", tout ça en face de l'hôtel "Hôtel Berlin Berlin", où les riches touristes ont une vue sur le parc "Lutzowplz.". Revenons à ma déception devant la porte close du Johann Rose, et mon envie d'aller prendre le métro à la station Görlitzer Bhf jusqu'à Nollendorfplz., la station qui mène au cartier Schöneberg. J'ai décidé d'emprunter un chemin alternatif pour m'y rendre (passant, évidemment, au travers Görlitzer Park puis croisant Görlitzerstr.) et j'ai été heureux d'apercevoir un Mac Book Pro et son utilisateur dans un autre petit bar/café, toujours à moins de 5 minutes de ma porte, mais de l’autre côté du parc. Alors je ne suis pas allé plus loin, j'ai branché mon attirail et commandé une grosse bière. J'ai jamais bu autant de bière en aussi peu de temps depuis les 3 dernières semaines, imitant le mode de vie des gens ici, tout en ayant un prétexte pour rester des heures de temps à la même place. J'ai donc travaillé encore un peu, tout en prenant le temps de chatter avec mon nouvel ami le musicien skateux dont j'ai parlé à la fin de mon "Berlin 2" et que je n'ai toujours pas revu, puisqu'il était parti faire "some artistic research". Très bien, on s'est donnés rendez-vous demain soir, 19.00 Uhr au métro Zoologischer Garten, pour aller jammer (il va me prêter une guit. accoustique, lui apporte sa bass sèche) dans un coin tranquille de Tiergarten, juste à côté. Notons la différence entre "Zoologischer Garten" (jardin zoologique) et "Tiergarten" (jardin d'animaux). En passant, l'autre fois en revenant de Tiergarten, j'ai pris un chemin alternatif (qui m'a rallongé d'une heure, oups!) et je suis passé à côté du Zoologischer Garten (pas la station de métro, mais le vrai zoo, bien que j'ai fini par aboutir à la station de métro, où j'ai accueilli à gosier ouvert un bon vieux café du Dunkin Donut) et j'ai aperçu des beaux oiseaux. Je digresse, je digresse, décidément, je serai un bon professeur quand je va être grand. Après ma session de travail et de chatt au bar (dont je ne connais ni le nom, ni l'adresse) je suis revenu par un autre chemin alternatif et je suis tombé sur un stand à poulet, où j'ai fait la file pendant 10 minutes pour déguster un délicieux demi-poulet bien gras (1/2 Hähnchen, c'est tout ce qu'il y a au menu à cet endroit, et ils en vendent du poulet!), pour ensuite revenir par Görlitzer park - où j'ai rencontré une lesbienne radicale, amie de mes colocs - et j'ai finalement pu jouer 2 heures de Bach sur le vieux piano, à côté du vieux divan sur lequel y'avait un vieux monsieur et son Mac Book Pro au Johann Rose. Rien ne se perd, rien ne se crée. J'ai fini par sortir de là vers 23h, sans payer (ils m'ont encore offert ma bière, parce que "c'est si beau quand je joue"), avec l'envie irrésistible de sortir, en ce lundi soir déjà tardif. Fin de l'intro.

Voyons voir si je peux me rappeler complètement de ma soirée d'hier. Il me reste 20% de batterie sur l'ordi, et j'en suis certainement à ma 4e cigarette depuis le début de ce blog. Comme je l'ai mentionné (un peu vite peut-être), depuis quelques temps, chaque matin je sors mes 3 revues gratuites et je regarde ce que Berlin a à m'offrir pour la soirée, i.e. l’offre culturelle. Hier j'avais spotté la soirée "Monster Ronson's Ichiban Karaoke Montag - Rock 'n' Roll Fag Bar". Inspirant, non? En fait le Monster Ronson's Ichiban Karaoke, c'est l'endroit où j'étais allé voir notre DJ Frigid de Montréal la semaine passée (ou l'autre d'avant) : c'est un assez grand bar, mais pas trop, sur un seul étage avec une piste de danse et quelques cabines à karaoké. Ceux qui veulent faire du karaoké se louent une cabine en groupe (c'est insonorisé) et sont complètement coupés du reste du bar. Les cabines peuvent accommoder de 6 à 16 personnes et la plus grosse est visible de la piste de danse - concept de l'aquarium humain - et c'est bien drôle de voir le party pogner là-dedans sans entendre la musique et les "chants" qui la remplisse. Décidément, les thématiques de zoo et de bière sont presque aussi présentes ici que celles du Mac Book Pro et des vieilles choses. C'est peut-être ça, Berlin, en résumé. Mais j'étais bien déçu en arrivant au Monster Ronson's de constater que le Rock 'n' Roll Fag Bar n'avait rien de rock 'n' roll et que j'allais encore me taper du dance/disco platte toute la soirée. La fille de l'entrée, à qui j'ai fait part de ma déception grandissante, m'a expliqué que "Rock 'n' Roll Fag" désignait en fait le type de personnes présentes et que d'une semaine à l'autre la musique était bien différente, mais que non, il n'y aurait pas de rock. Arrrr... Elle me dit aussi que le lundi, les cabines de karaoké sont ouvertes à tous, mais qui suis-je pour entrer dans un si petit endroit dans une gang de monde que je connais pas. Fort heureusement, et très unexpectedly, tout le monde parlait anglais dans le bar. C'est la première fois que ça m'arrive. Alors j'imagine qu'il faut ajouter à l'obvious des Rock 'n' Roll Fags qu'ils sont aussi anglophones. Ma déception était grandissante tout de même et après m'être fait refuser un remboursement de l'entrée pour fausse représentation, je suis parti presque en claquant la porte. Quelle merde! Mais en sortant, j'ai eu une vision assez rare à Berlin : un guichet automatique. Et je me suis dit que tant qu'à être là, je ne perdais rien à boire une dernière Urquell Pilsner et faire un peu d'observation urbaine. Bonne décision : en réentrant (clin d'oeil à la fille à l'entrée), on annonce qu'une présentation spéciale aura lieu dans les 5 prochaines minutes sur la scène principale. C'était très très cool, et je m'aventure à décrire en ces termes de quoi il s'agissait : une fusion entre l'art performance et un burlesque revisité à la sauce 1997. La fille arrive sous un mini tonnerre d'applaudissements (on était une 40taine de personnes, pas plus, dans le bar), vêtue d'une robe bouffante faite du même tissus carotté noir et blanc que la nappe placée sur une petite table derrière laquelle elle se met à danser. La musique commence et elle prépare lascivement une tarte aux cerises, derrière ses longs faux cils, sa mèche de cheveux rouge flash et ses talon hauts, très hauts : tout d'abord rouler la pâte, ensuite embrasser une par une les cerises qu'elle met langoureusement dans une assiette à tarte, puis placer la pâte par-dessus le tout. La musique s'arrête brusquement alors qu'elle met la tarte au four (en fait derrière le DJ, où on ne peut plus la voir). Elle revient alors et continue à danser (a-t-elle vraiment arrêté?) et enlève de plus en plus de vêtements pour finalement se retrouver en porte-jartelles rouge, talons hauts noirs et couvre-mamelons en paillette rouge. De nouveau la musique s'arrête : la tarte est prête (un gâteau blanc avec des cerises dessus). Les cache-mamelons vont vite rejoindre les cerises sur le gâteau et la fille de danser, pourlèchements inclus, avec son dessert. Elle démonte le rouleau à pâte, enfile une bobette spéciale et y visse le rouleau à pâte, maintenant devenu phallus énorme. Ce qui devait arriver arriva, le gâteau déposé sur la scène, la danseuse a tôt fait de lui faire l'amour fougeusement, en vitesse, simuler l'orgasme avec force crème fouettée en bonbonne giclante, et quitte la scène sous les applaudissements nourris des Rock 'n' Roll Fags, dont je fus peut-être alors membre. Ça torchait, comme show, c’était pas du tout porn, même si ça l’évoquait clairement, et le tout était vraiment fait avec un clin d’œil et un sourire coquin. Je n’ai pas parlé de la smoking lounge, vers laquelle je me suis tout de suite dirigé pour digérer le tout : comme le Monster Ronson’s (quel nom, vraiment!) est un bar non fumeur, ils ont pensé à une pièce fumeur, où il fait bon s’asseoir dans un des divans blancs Roche-Bobois entourant la table de pool que personne n’utilise, quelques décibels de musique platte en moins. Est-ce que la soirée allait se terminer ainsi pour moi? Après être parti une première fois du bar pour y revenir accueilli d’une performance pas piquée des vers, je me redirige lentement vers la sortie, avec un détour obligé vers les cabines de karaoké. Je passe, je regarde les gens chanter et je trouve ça bien drôle, puis un gars me fait signe de venir les rejoindre sa cabine. Hésitation, mais très peu. Je suis accueilli par 6 personnes : 2 gars, 4 filles, début trentaine je dirais, bien que je sois assez poche dans ces devinettes là, et encore plus ici, où je ne cesse d’être surpris de découvrir l’âge des gens. Autre digression : je suis sorti avec une de mes colocs l’autre fois : on est allé voir un trio de filles Turques qui font du hip hop en allemand. Yeah! Leur spectacle faisait partie du "48 hours Neuköln", une série de spectacles gratuits pendant une fin de semaine dans le quartier Neuköln, genre d’hybride Hochelaga/Plateau, quartier en train de devenir branché mais qui conserve ses racines un peu trash. Digression dans la digression : cette fin de semaine là, il y avait aussi le "Lesbischwules Stadtfest" ("Fête d’état des gays et lesbiennes", à ne pas mélanger avec la vrai "CSD", aussi connue sous le nom de "Christopher Street Day", le nom que l’on donne un peu partout en Europe à la "Pride" officielle, appelée "Fête Arc-En-Ciel" à Québec et "Divers/Cité" à Montréal. Vous me suivez, là? Alors je suis allé, dans la même journée et sans jamais rien payer, aux "48 hours Neuköln", "Lesbischwules Stadtfest" et un autre festival : "Fête de la Musique", comme quoi le français ici, comme l’allemand chez nous, est parfois d’un exotisme tel qu’on l’utilise pour nommer des choses que l’on veut cool. À chacun de ces événements d’envergure il y avait un nombre impressionnant de personnes. C’est en voyant ça qu’on se rend compte à quel point Berlin est une grosse ville, parce qu’autrement, on n’a jamais l’impression qu’il y a tant de monde que ça ici, tout est si calme, les endroits si petits… l’absence de gratte-ciels, de gros centres d’achats… L’autobus qui n’est jamais plein à craquer… Fin de cette digression, on revient au show de hip hop. Eh bien c’est cette soirée là que j’ai appris que ma coloc (à qui je donnait 25 ans) en a en fait 33, et que mes autres colocs, à qui je donnais respectivement dans les 23-24 ans en ont 27. Et on revient au karaoké, où, dans le fond je suis bien embêté de vous dire l’âge des personnes avec qui je me suis retrouvé, qui m’importe peu de toute façon, sauf dans l’éventualité où j’ai envie de raconter l’histoire de ma soirée. Alors je suis évidemment rentré dans la cabine en plein milieu d’une toune kétaine, je ne me rappelle plus laquelle, et j’ai commencé à regarder le cahier des tounes pour m’en choisir une à chanter. Le karaoké allemand et pareil au karaoké Montréalais : les même tounes pop entendues 1000 fois, mais que je connais pas (c’est sûr qu’il n’y a pas de hits francophones ici, et qu’on voit par-ci par-là un titre de toune en allemand), et bien peu de musique intéressante, mais ça reste bin le fun pareil, et tant qu’à ça j’aime aussi bien réentendre pour la centième fois un hit des années ’80 chanté faux qu’un hit début 2000 entendu cinquante fois au Unity. Mais surprise des surprises, quand la toune qui m’a accueillie s’est arrêtée, le prochain chanteur-d’un-soir a demandé le numéro de la toune qu’il voulait (dans ce karaoké, on a une télécommande et on pitonne le code de la toune nous-même) en FRANÇAIS. "Trois cent-vingt, zéro huit", douce musique à mes oreilles, après ne pas avoir entendu de français ou presque depuis les 3 dernières semaines, je suis allé d’en un bar, j’en suis reparti, j’y suis revenu presque par dépit, juste avant d’en repartir définitivement, je me suis ramassé dans une pièce grande comme ma main avec 4 autres francophones de France habitant Berlin! Et c’est drôle l’interaction que tu peux avoir avec les gens au karaoké : la musique est si forte que t’as maximum 10 secondes, entre chaque toune, pour converser, alors c’est parfait, tout le monde s’entend bien. On callais les numéros en français, je me suis fait demander si j’allais chanter les Cowboys Fringants, ou Linda Lemay (dont ils ont l’air de penser la même chose que moi), et puis un moment donnée les 2 filles ont chanté une toune d’Alanis Morissette, "ma fierté nationale", que je n’y même pas reconnu avant le refrain. Alors une soirée qui s’annonçait moche s’est transformée en un party étrange et bin le fun. Je me suis prêté au jeu de trouver des tounes que je connaissais dans le livre et j’ai chanté In Bloom (Nirvana) drette en partant, puis Strawberry Fields Forever (Beatles), puis dans le désordre Drama (L7, eh oui, il y avait une toune de L7), Celebrity Skin (Hole), Subterranean Homesick Blues (Bob Dylan), Head Like a Hole (Nine Inch Nails, très étrange comme toune de karaoké, hahaha, surtout suivie de Wonderwall, Oasis), Killing Me Sofly (version Fugees) et 1979 (Smashing Pumkins). Mais là, faisons un calcul rapide cher lecteur : on était 4 ou 5 personnes à se passer le micro, et la durée moyenne d’une toune de karaoké c’est pas mal 3min30 (parce qu’il y en a des longues, genre Bye Bye Miss American Pie qui arrête pu pendant 10 minutes), alors mettons 4.5 personnes *fois* 3.5 minutes, ça fait un peu plus de 15 minutes pour faire le tour, *fois* les 8 tounes que j’ai chanté, ça fait que je suis resté là avec mes Français et Françaises plus de 2h, sans compter les qq fois où je suis sorti prendre un break. L’heure était déjà avancée avant que je les rencontre, mais je n’en ai pas cru pas mes yeux quand finalement on est sortis de là en pleine journée d’été, ciel bleu clair à l’appui. Sacrés bars sans heure de fermeture fixe, et temps qui passe bien vite ; il était 4h30 du matin. Je suis resté sur le trottoir un peu avec mes amis de la soirée, j’ai revu la performeuse, le maquillage un peu défait mais les faux cils toujours bien en place et puis j’ai tout simplement pris le métro vers chez moi (vive les métros ouverts 24h, même dans la nuit de lundi à mardi). Sur mon retour j’ai vu encore quelques petits bars ouverts, du monde qui prenaient une bière dehors, bières qu’ils venaient sans doute d’acheter au dépanneur. J’ai failli m’en acheter une aussi, juste pour faire quelque chose qui serait tout à fait illégal dans mon pays, mais j’ai passé mon tour. Les oiseaux chantaient, c’était beau et je me suis endormi ça pas été long.

Voyons voir si je peux me rappeler complètement de ma journée d’aujourd’hui. Il me reste 66% de batterie, car après avoir atteint le seuil critique du 1% de batterie au Lecker Schmercker, je suis rentré utiliser le "strom" (le courrant, autrement dit l’électricité) de l’appartement et ça recharge. Les filles sont parties faire des achats au hardware store (j’espère bien qu’elles vont rapporter un rideau de douche et un toaster, c’est comme important, là, mais je pense que ça risque d’attendre leur escapade au IKEA de demain ou après-demain). Il est maintenant 16h (17h49 au moment où je relis et corrige le tout), je me suis levé bien tard et j’ai écrit bien longtemps, mais ça vaut la peine de noter une histoire de temps en temps, avant que le tout se mêle et se dilue dans ma pensée. Aujourd’hui je dois aller faire mon lavage (une laveuse est aussi sur la liste d’emplettes de mes colocs) et payer fucking 4 € par brassée. Ensuite, je vais à une autre performance ce soir. Ça vaut une dernière petite histoire : samedi passé, alors que j’étais à la "Moritzstrassenfest", mieux connue sous le nom de "Lesbischwules Stadtfest" ("Fête des gays et lesbiennes", mentionnée plus haut), sur la rue Moritzstr., très loin cette fois de la station de métro Moritzplz., j’ai fini par trouver le temps bien long. C’était un événement tristement commercial - il fallait s’y attendre - où on avait entassé plus d’une dizaine de milliers de personnes déambulant (de plus en plus difficilement… Était-ce la foule trop compacte ou la Beck’s trop abordable?) dans un quadrilatère de rues chargées en kiosques à saucisses, kiosques à partis politiques, kiosques à associations diverses et ce genre de trucs (nottament Gay Wein, du vin de gay… pathétique?), qui déversaient leurs slogans que je ne comprenais pas, accompagnés de flyers en tous genres, autocollants et condoms, bien entendu. Il y avait quelques scènes par-ci par-là avec des spectacles un peu insipides mais agréables et je m’en allais, un peu désorienté (trop de monde, trop de kiosques, j’avais perdu mes points de repère), quand je suis tombé sur le coin des femmes, lire le coin des lesbiennes. Au fait, à Montréal et à Québec en général, tout ce qui est "gay" est vraiment dominé par les hommes : que ce soit les bars dans le village à Montréal ou tous ces événements à overdose de drapeaux arc-en-ciel, on dirait toujours que les "gays", c’est des hommes uniquement. Mais ici à Berlin, il y a autant d’hommes que de femmes présents et représentés sous l’arc-en-ciel. Ça m’a vraiment surpris, agréablement surpris, puisque finalement, il y a probablement autant de lesbiennes que de gays dans la vie, si c’est autant un hasard de la nature que je pense. Enfin, me voilà devant la scène de la section lesbienne de la "Strassenfest", et je reconnais une fille que j’ai vu quelques fois… à Montréal! Au karaoké! Décidément, ce blog est truffé de thèmes récurrents. La fille en question, je me rappelais très bien d’elle, parce que j’ai toujours trouvé qu’elle rockait pas mal. Tsé ses prestations au karaoke étaient pas formidables, mais je sentais que sur une vraie scène, avec un band, elle devait déplacer de l’air pas mal. En effet. Elle était seule sur scène avec une DJ qui mettait des beats pour elle, et elle improvisait. C’est pas évident, là! Elle est devant je sais pas combien de personnes, et elle improvise des paroles pleines de sens, revendicatrices par moments, contemplatives aussi parfois, non-stop, pendant genre une demi-heure. J’avais jamais osé lui parler à Montréal - elle a ce genre de charisme un peu intimidant - mais j’avais vraiment envie de lui dire que j’avais trouvé qu’elle rockait, ce que j’ai fait. Elle était pas mal occupée à aller voir du monde un peu partout, mais elle m’a dit de la contacter par myspace. Si vous êtes curieux et que vous vous êtes rendus jusqu’ici dans ce blog, pour quoi pas double-cliquer sur son nom d’artiste et terminer votre lecture au son de son myspace, que ne j’ai toujours pas entendu moi-même, privé d’intimité que je suis sans internet à la maison : mzsundayluv) et m’a invité à venir à un autre événement auquel elle participe : "Bend Over". Ça aussi c’est un thème récurrent dans mon histoire : les titres de soirées qui ont l’air de mener tout droit en enfer. Mais je pense que tout ça a beaucoup moins de sens pour un allemand que ça peut en avoir pour un anglophone, ou un francophone bilingue… C’est juste des mots, des gros mots anglais, mais… je pense qu’ils trouvent juste ça cool. Bref, c’est ce soir et j’ai bien hâte, en plus que la performeuse d’hier (celle avec la tarte au cerise, là), quand je lui ai dit que j’avais trouvé ça hot son affaire, m’a inviter au même party que la mzsundaylove de samedi. Donc aujourd’hui : blog, douche, lavage et "Bend Over" (ha ha, ça sonne vraiment drôle quand tu connais le poids de ces mots-là). Demain : travail et rendez-vous pour jammer dans le parc avec Sascha. Jeudi, je ne sais plus, mais messemble qu’il y avait quelque chose avec mzsundayluv. Je veux aussi finir par aller dans un des nombreux concerts d’orgue qu’il y a tous les jours. J’ai renoncé à aller à Paris en fin de semaine, parce que, bien que ça puisse paraître excitant de faire 12 heures d’autobus gratuit avec des révolutionnaires israéliens de Berlin pour participer à une manif. le lendemain et revenir presque aussitôt, j’ai un peu peur d’être mêlé à ça s’ils ont des ennuis aux frontières et tout. Parce qu’ils ont beau être les "bons" (et non les "méchants") dans la cause qu’il défendent, ce sont quand même des activistes politiques d’une gauche un peu radicale et ça peut chatouiller certaines autorités, non? Autres projets à venir : je déménage le 2 juillet dans l’autre appart. que je sous-loue, le 6 juillet je participe à la scène ouverte de musique improvisée de l’Exploratorium (c’est là que j’avais rencontré tout le monde dont je parle dans mon "Berlin 2") et le 13 juillet (date à vérifier), je joue en spectacle en banlieue de Berlin. Au fait l’autre jour j’ai joué en spectacle et c’était pas vargeux, j’ai trouvé. On était un gros ensemble avec trop de violoncelles. 7 musiciens : 3 violoncelles, piano, violon, trompette, percussions et ça n’écoutait pas tant que ça, un des violoncellistes était un peu flasheux, le pianiste un peu ordinaire et moi pi le trompettiste on a pas mal pris notre trou, sentant que c’était souvent trop chargé… Je sais pas, quand je me retiens de jouer trop souvent dans un show de même, c’est pas un bon signe. Mais bon, je me suis vraiment bien entendu avec le percussionniste, Oori (quel nom fiable!), un Berlinois d’origine israélienne et spécialiste tant de musique contemporaine, de musique du monde que de trucs plus improvisés. On s’est échangé nos e-mails et on s’est promis de jammer ensemble qq temps. J’ai aussi l’envie de touriste d’aller visiter des châteaux à Potsdam, juste à l’extérieur de Berlin. J’ai spotté un bon deal de visite guidée. 18h25, j'ai uploadé quelques photos, je sors dans la rue capter de l’internet et envoyer ceci, puis à la douche.

Je sais pas pourquoi j'aime ça prendre des photos de bouffe. Peut-être pour vous rassurer! Ceci est une omelette mix de zuccinis et fromages, dans l'appart. où j'étais y'a 2 semaines, quand le gars de l'appart. m'a dit que je pouvais manger les affaires périssables dans le frigidaire, vu qu'il était jamais là.

Ma coloc Maggie la drummeuse, qui a accepté que je la photographie pendant qu'elle faisait la vaisselle.

La vue que j'ai dans ma chambre, à une heure où ça faisait beau.


Ma chambre

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